» C’est presque toujours un destin secret qui règle le sort des choses visibles et publiques ; presque tous les événements mondiaux sont le reflet de conflits intimes. Un des grands secrets de l’Histoire est de donner à des faits infimes des conséquences incalculables «
Mon année 2018 aura été marquée par une passion aussi inexplicable qu’imprévue : une passion pour le destin de Marie-Antoinette. A l’origine, c’est l’organisation d’un shooting d’inspiration mariage sur le thème de Marie-Antoinette qui m’a poussée à me plonger dans sa biographie écrite par Stefan Zweig qui dormait dans ma liseuse depuis quelques années. Je n’avais en tête que les images laissées par le film de Sofia Coppola, et pour me mettre dans l’ambiance de ce shooting – mouis je ne fais pas les choses à moitié – je souhaitais en savoir davantage sur ce personnage historique qu’on a dépeint trop souvent comme une écervelée, une dépensière, une traîtresse, une perverse. Et contre toute attente, son histoire m’a fascinée. Je n’imaginais pas cette reine avec autant de subtilités. J’ai été littéralement touchée par ce personnage, par son destin tragique qui occupe bien peu de place dans nos livres scolaires.
La semaine dernière, je suis allée au Petit Trianon et au Hameau de la reine. Le passage de Marie-Antoinette dans ces lieux ne m’a pas laissée indifférente. Je vous propose pour une fois un article un peu plus historique, avec quelques lectures si vous souhaitez en savoir plus.
Le Petit Trianon
Mariée à 14 ans avec le dauphin Louis, futur roi Louis XVI, Marie-Antoinette d’Autriche devient reine de France en 1774, alors qu’elle n’a que 18 ans. Dès son arrivée à la cour de Versailles, elle prend conscience qu’elle a été choisie pour des raisons politiques. Cette jeune adolescente se retrouve donc perdue dans la cour la plus importante – et la plus cruelle ?! – d’Europe et va découvrir peu à peu le poids de l’étiquette à laquelle elle doit se soumettre.
Offert par Louis XVI à l’occasion de leur mariage, Marie-Antoinette se réfugie au Petit Trianon loin des indiscrétions de la cour et des cérémonies officielles, revendiquant ainsi son droit à une vie privée, à l’abri des regards. Elle va se replier de plus en plus au petit Trianon où elle n’a de compte à rendre à personne. La volonté farouche d’indépendance et de liberté de Marie-Antoinette sera bien mal compris par ses contemporains.
Quand on rentre dans le Petit Trianon, on est tout de suite frappé par l’extrême simplicité du palais aux proportions modestes, qui n’a rien à voir avec avec l’imposant château de Versailles. Il apparaît alors plus familier, intimiste et on comprend tout à fait l’amour qu’avait Marie-Antoinette pour ce lieu, loin de la cour oppressante de Versailles. La nature environnante, le théâtre, cette lumière dorée du soir… on imagine très bien la douceur de vivre que devait ressentir Marie-Antoinette en ces lieux, quelques années avant que la Révolution n’éclate.
Durant 15 ans, elle va façonner par petites touches le lieu selon ses envies. Elle fera construire un jardin dans le nouveau style « anglo-chinois », à la place du Jardin botanique de Louis XV. Pour faire du domaine de Trianon un petit royaume, elle fait bâtir une ruine romantique, un temple de l’amour, un belvédère, une grotte. Sans oublier le petit théâtre, où elle jouera elle-même quelques pièces. Le Théâtre de la reine, malheureusement rarement ouvert à la visite, se trouve au sein du Petit Trianon.
Dès le départ de la famille royale, le Petit Trianon est quasiment laissé à l’abandon et se dégrade. Il sera restauré et remeublé sous l’Empire et légué à Pauline, la sœur de Napoléon, puis à l’impératrice Marie-Louise en 1810. L’impératrice Eugénie, femme de Napoléon III, transformera en 1867 le Petit Trianon en musée consacré au souvenir de Marie-Antoinette.
Le Hameau de la Reine, jardin secret de marie-antoinette
Le Hameau de la reine est l’un des endroits les plus surprenants de Versailles, intimement rattaché à la reine qui n’en profitera pas très longtemps. Commencé en 1783, le Hameau était pratiquement fini en 1786, trois ans avant la prise de la Bastille.
Véritable décor de théâtre, le Hameau est le rêve fou de Marie-Antoinette où elle y vivait une vie de campagne fantasmée. Il s’inscrit dans le goût du retour à la nature et à l’essentiel, grande tendance de la fin du 18e siècle. Il avait également une vocation pédagogique pour le jeune dauphin dans son futur métier de roi.
On trouve au hameau des vignes, des potagers, un moulin, dont la roue n’est qu’un simple élément de décor, un colombier, une ferme qui abrite comme au 18e siècle une basse-cour, mais aussi huit chaumières rustiques aux allures normandes et aux toits de chaume, disposées autour d’un lac artificiel. Un seul décor intérieur a survécu : la laiterie de propreté, où la reine venait boire les laitages venus directement de la ferme.
On ne peut rester indifférent en parcourant ce lieu imaginé par la reine qui dégage un charme à la fois puissant, paisible mais si vulnérable.
Entre 2015 et 2018, la Maison de la Reine a bénéficié d’une importante restauration, aussi bien de sa façade que de ses intérieurs. La maçonnerie, les charpentes et les couvertures sont restaurées pour consolider la structure. Les pièces sont remeublées comme à l’époque de l’Impératrice Marie-Louise, les meubles de Marie-Antoinette ayant été dispersés ou détruits pendant la Révolution.
Pour la première fois, les appartements de la reine sont visitables mais uniquement par petits groupes, car les pièces sont minuscules. Pour découvrir lieu, il vous faudra payer un accès au domaine de Trianon (12€) et ajouter un complément (10€) pour effectuer la visite guidée. La réservation est possible directement sur le site du château de Versailles.
Stefan Zweig explique dans son livre que le seul tort de Marie-Antoinette aura été d’avoir abordé avec légèreté le défi le plus important de l’Histoire et le conflit le plus dur du siècle. Elle n’a pas compris la volonté constructrice de la Révolution et n’a défendu que son propre droit royal, persuadé jusqu’au bout que la monarchie survivrait. Elle se montrera digne et à la hauteur de la tragédie : l’adieu au roi, la séparation avec son fils, son procès, la condamnation, puis la guillotine.
Quelques références pour aller plus loin :
- Marie-Antoinette de Stefan Zweig
- Marie-Antoinette, l’insoumise de Simone Bertière
- C’était Marie-Antoinette de Evelyne Lever
- Article du Figaro : Marie-Antoinette, de la grâce à la tragédie
- Reportage L’Ombre d’un doute : Fallait-il condamner Marie-Antoinette ?
Merci pour ce petit retour dans le passé. Je connais ce lieu mais je n’y suis pas retournée depuis quelques années. C’est toujours un enchantement…
Merci pour votre visite par ici 🙂
merci pour ce retour dans le passé. Moi aussi je trouve le destin de Marie Antoinette fascinant. Il faut dire qu’elle avait été élevée à Shoenbrun dans un sentiment de liberté totale et mal préparée à devenir reine d’un grand royaume.
Merci pour votre passage par ici. Je pense effectivement qu’elle n’était pas préparée. Mais qui l’aurait été face à ce grand défi ?! Bonne journée !
superbes ces photos. Je ne sais pas si tu pourrais les faire actuellement, j’ai été cette année faire des portraits dans le parc, tout est clôture et l’accès est réservé aux touristes, l’entrée est payante.